24 mars 2008

Mi facultad

Après des mois à vous parler des tapas et du beau temps, il est temps d'entrer dans les choses sérieuses. Ce à quoi j'occupe une partie des mes journées madrilènes, celle à qui je dois des sandwichs chorizo-calamares et des pauses bronzettes au mois de décembre, j'ai nommé ma fac (ou "facu" comme ils disent ici).

Nichée à la lisière d'une forêt dans la banlieue de Madrid, il faut la mériter ma faculté. On la rejoint en bus depuis Moncloa, Moncloa où presque toutes les autres faculté de mon université sont regroupées, profitant ainsi d'une localisation en presque-centre de la capitale. Pourquoi la mise au ban de la pauvre fac de sciences politiques ? La faute à Franco d'après la légende urbaine, la volonté de punir les pas sages, d'exiler les agitateurs possibles.

On se partage donc le campus de la forêt (Samosaguas de son vrai nom) avec les psychologues et les économistes, pourtant moins prompts à la manifestation que les sociologues, selon mes observations (je peux me tromper). Et puis on fait des safaris dans la steppe de Casa de Campo matin et soir pour rejoindre notre chère lieu d'études.

Le bâtiment est un grand rectangle de béton poétiquement posé derrière un parking. Une ancienne prison pour femmes, d'après la même légende urbaine. L'architecture en panoptikon - angle de vue total pour matons- contraste donc avec le joyeux bordel qui y règne. Des cellules occupées par des punks à crêtes, des anarchistes (autoproclamés) et leur stand de bonbons à la sortie de la cafét, par des appels à la manif, des assemblées sociales, des concerts improvisés dans les couloirs. Par des étudiants qui travaillent aussi, attention... mais ils sont tellement moins visibles que les gentils occupants des couloirs et leurs parties de foot.

On raconte qu'avant, la communauté des couloirs n'était pas seulement assignée aux lieux de passage. Elle avait son lieu à elle, La moqueta (La moquette), un bar entier qui lui était consacré, à l'intérieur de la faculté. Mais le Doyen a mis fin à cette enclave libertaire, et s'attache maintenant à faire respecter l'interdiction de fumer (sans succès). Sa dernière invention ? Interdire l'affichage sans autorisation préalable au sein du bâtiment. En plus d'obliger les femmes de ménage à racler les murs pour en ôter les autocollants, cette tentative d'autorité semble vouée à l'échec ; les murs du lieu sont maintenant incrustés par ceux qui y vivent, par leurs messages de lutte, leurs appels. Des slogans qui font partie de mon quotidien, scandés mentalement chaque matin à la sortie de l'autobus. Des mots usés, répétés par habitude, des appels à l'insurrection qui flirtent avec le conformisme, parfois. Des mots d'ordre, sincères aussi, des couleurs, des cris d'horreurs, des poèmes. Un tissu sanguin qui s'agrandit toujours, les poumons de ma facultad.

"Insoumission"


"Pas une rue, pas un quartier, pas un souffle pour les nazis"




"Cette faculté séquestre des objecteurs" (de concience, je suppose)

Salle sociale autogérée


Exclusion sociale ...prison

Non aux examens !

Défendre la joie...organiser la rage !


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je comprends que tous les jours ça doit froler le conformisme, mais en comparaison à la chapelle, les images de Jean-Paul II et les blagues machistes de la cafet (dernière trouvaille: porque prefiero una chela a una mujer)de la Catolica, ta fac me donne envie d'une bouffée d'air frais (anarchiste et contestataire)...

Elsa a dit…

c'est quoi una chela ?

Anonyme a dit…

j'allais poser la même question.

Lisa, dessine moi una chela :)

Anonyme a dit…

Un chela c'est une bière.
Vous appréciez maintenant tout el génie de cette comparaison?

Anonyme a dit…

ça en jette tous ces beaux dessins. Ils ne sont pas seulement contestataires dans ta "facu", ce sont aussi des artistes!