17 avril 2008

Gran Hermano (Big Brother) - Dia 1

Mon frère (ce roi de l'incruste) en visite pontificale dans ma capitale :
son journal de bord...


L’avion se pose dans un grondement sourd sous les applaudissements des passagers. Faut être con pour applaudir un gars qui a quand même fait 10 ans d’études pour pouvoir poser convenablement 300 tonnes d’acier sur un tarmac ; à échelle réduite, pourquoi n’applaudirait-on pas le barman qui te sert ta bière sans mettre trop de mousse? Mais bon c’est une autre histoire, donc je n’applaudis pas, je me lève, file, enfile ma veste et sort du zinc. La chaleur est étourdissante, le soleil est resplendissant, il y a un groupe de gars bariolé jaune et rouge qui joue de la guitare en hurlant (barrez l’intrus), je suis à Madrid.

Je suis à Madrid, et ma petite soeur est en retard à la porte d’embarquement, elle ne me reconnaît pas derrière ma cravate, mon chapeau et mes cheveux courts et me supplie immédiatement de déchirer mes frusques en lambeaux : ses colocs sont des hippies qualifiés et ils vont me pendre haut et court au balcon avec le linge si je passe le seuil de l’appart avec une tronche de premier de la classe. Note pour plus tard : la prochaine fois, ne pas chercher à en jeter mais arriver en tongs et en short à fleurs en chantant du Patrick Sébastien, on verra bien la réaction.

On a beaucoup écrit sur les valeurs culturelles et sociologiques qui font les différentiations entre les peuples ; on a moins écrit sur la différence énorme du prix du ticket de métro entre Londres et Madrid et c’est pourtant dans une lueur épiphanique que Dieu m’apparaît face au distributeur pour un premier choc psychologique qui ne cessera d’animer mes réflexions quasi hystériques, dignes de Paris Hilton en mode soldes : “Oh-Mon-Dieu-Comme-C’est-Pas-Cher-Ici”.

Car oui, pas besoin de transpirer de l’ADN Rothschildien pour se déplacer dans le taxi du pauvre à Madrid mais la surprise ne s’arrête pas là (ben oui, sinon ça fait un peu court comme post ^^). Madrid, c’est grand, Madrid, c’est beau, mais surtout Madrid, c’est chaud. J’avais oublié l’existence des UV (ce qui me vaut par ailleurs un superbe bouton de fièvre sur la langue inférieure à l’heure actuelle, trophée permanent mieux qu’une carte postale mais beaucoup moins glam quand même). Et c’est dans la douce chaleur du soir que nous émergeons Puerta del Sol pour déambuler dans les quelques rues qui nous séparent de l’appartement de ma petite sœur chérie. Il y a du monde dans la rue, un type promène un cochon, les filles sont en T-shirt, des Roumains chantent Aux Champs Elysées…en roumain. Après Londres, la neige, les étudiantes fardées comme des péripatéticiennes (ou l’inverse on ne sait plus bien à force) et le froid, bordel, ça sent bon les vacances.

L’appart est grand, la piaule est sympa, les couleurs sont chatoyantes, il y a du linge étendue sur les terrasses (et-c’est-joli !!! ajoute le fan de Michel Fugain), le chat ajoute l’authenticité méditerranéenne au tableau. C’est beau, pour un peu, on entendrait Charles Ingels couper du bois au loin…Javi est sympa et bref (qualité ô combien appréciable qui ne sera jamais la mienne), María est sympa, mais volubile, mais elle parle beaucoup et vite quand même, c’est dur à suivre.

Je mange du jambon qui ne ressemble pas à du plastique dans du pain non chimique, pour un peu j’en chialerais, je comprend enfin la pub avec un gars qui se paye un caccos Cœur de LionTM sitôt sorti de taule, l’Angleterre est le Fleury-Mérogis de la bonne bouffe. Sortie, Déambulations nocturnes, Bar à Tapas belge (ils l’ont fait). C’est moins surfait et snobby que London, c’est plus familiale et décoré en meubles Conforama comme le salon de chez grand-mère, on se sent tout de suite à l’aise, pour un peu, on ferait péter les charentaises (une rime subtile s’est cachée dans la phrase précédente, sauras-tu la retrouver ?). Mais à l’âtre chaleureux, nous préférons la terrasse et sa vue sur la capitale pour tailler le bout de gras en bouffant des tapas à en exploser… Que c’est bon d’être loin de chez soi.

Face à la Calle Duque de Rivas...



3 avril 2008

Casting - del otro lado del espejo

Après avoir tant souffert de l'impitoyable sélection dans les collocations fin septembre (plus de 20 castings en quatre petits jours), je m'attendais à savourer ma victoire quand mon tour viendrait d'être de l'autre côte du miroir.

Un casting quand on est en recherche d'appartements à Madrid, ça ressemble un peu à du speed dating. Mais en moins drôle. D'abord, on passe tous ses moments libres sur internet à guetter les annonces de collocation. On actualise la page toutes les deux minutes sans flancher et on garde les yeux grand ouverts, à l'affût de l'Annonce qui peut nous intéresser, dans l'un des quartiers où on veut vivre, au prix que l'on peut payer. Attention cependant, une lecture attentive de l'annonce s'avère utile pour ne pas tomber dans les pièges comme "Pas d'étudiants", "Garçons uniquement", "Pas d'Erasmus", "Pas d'étranger" (inquiétant), "Pas de français" (dû au nombre écrasant d'Erasmus français à Madrid) ou encore "Gay only" - on trouve aussi "Pas d'homosexuels" (inquiétant).

Dans les trois minutes qui suivent la publication de l'annonce, il faut appeler sans relâche le numéro indiqué pour obtenir un rendez-vous. Une fois la "date" en poche et l'adresse précieusement conservée, on recommence le même processus jusqu'à l'heure du départ vers tous les rendez-vous qu'on a pu obtenir. Une pré selection, fonction de réflexes oeil-pouce, d'une endurance certaine et d'un forfait téléphonique à rallonge s'est alors opérée. Du speed dating au sens littéral du terme.

On arrive un peu en retard au rendez vous après s'être perdue dans le quartier, et on croise dans l'escalier le candidat précédent qui vient de visiter l'appartement. On sonne à la porte et là, on découvre un inconnu à qui on doit surtout sourire en ayant l'air décontracté. Il nous demande notre nom et il hoche la tête en jetant un coup d'oeil à la liste de tous les prétendants à la chambre promise. Quand on voit qu'on est le 6ème rendez-vous sur une liste de 20, on fait comme si de rien n'était et on respire calmement.

Le cérémonial se déroule en deux partie : la visite de l'appartement - la plupart du temps, la chambre à pourvoir est la plus petite, la moins éclairée, celle par qui sont passés tous les collocs rentrés dans l'appart avant d'emménager dans une chambre plus chouette au départ de l'un des leurs, un vrai jeu de chaises musicales - puis vient l'entretien avec le ou les collocs au grand complet. Un jeu de questions-réponses où il ne doit pas transparaître que c'est la 5ème fois de la journée qu'on raconte la même histoire. Et où, malheureusement, l'appel à l'interphone d'un autre candidat nous chasse de notre siège sans qu'on ait vraiment eu le temps de sympathiser avec les habitants de l'appartement. Aux questions classiques "Tu viens d'où ?" "Tu fais quoi ?", succèdent parfois d'autres plus inattendus "Tu aimes les chiens ?". Tellement on est désespérée, on finit presque toujours la visite en disant qu'on est très très intéressée par la chambre et on laisse son numéro en bas d'une liste.

Mathématiquement, on finit par trouver mais quand personne ne rappelle jamais, c'est un peu dur de poursuivre le parcours du combattant avec la légèreté du premier jour. Quand on en a vraiment marre, on se prend à rêver au moment où on sera sur le fauteuil d'en face, à noter les candidats et à poser les questions pièges.

Et puis ce jour est arrivé, après que Ruslan ait rejoint l'appart de sa copine. Et la revanche tant attendue ne ressemblait pas à la consécration. ça m'a plutôt fait remonter les angoisses d'il y a six mois. Un peu mal à l'aise, je me projetais en ceux qui venaient visiter. Je les interrogeais sur leurs galères d'appartements et ça me rappelait les miennes. Et le choix était difficile, parce qu'on pouvait pas vraiment les connaître après si peu de temps passé ensemble.

On a fini par trancher en faveur d'Andres, qui vient des Pyrénées et avec qui la vie à plusieurs se passe bien pour le moment. En plus, on a découvert (après son entrée dans l'appart je vous rassure) que ses parents avaient un vidéoclub et qu'il avait une imposante collection de DVD (intéressée, moi ?). Affaire à suivre.

Janis, la seule de l'appart à avoir échappé à l'épreuve du casting...



1 avril 2008

Dios es un bromista

Non pas que la Semaine Sainte m'ait donné la foi (plutôt une crise de foie) mais, en cette journée ponctuée d'humour, je voulais rendre hommage à l'humeur parfois blagueuse de Sa Sainteté et de ses émissaires. Le faste de la procession ne doit pas nous enduire d'erreur. Ainsi donc, Dieu est partout, même dans la bibliothèque de ma fac, comme en témoigne cet avertissement au dessus des photocopieuses :


En vieil espagnol :
"Sa Sainteté se réserve le droit d'excommunier
toute personne qui endommagerait
un livre, parchemin ou papier de cette bibliothèque
sans qu'elle puisse être absoute
jusqu'à ce que le document soit parfaitement restitué"



Vestige du passé ou complot des bibliothécaires ? Je n'ai pas encore osé demander. Toujours est-il qu'aujourd'hui plus qu'hier, Dios es un bromista. Et que ma fac cache bien son jeu derrière ses airs contestataires.

Promis, j'arrête de parler de Dieu dans mon prochain billet, ou alors je me fais nonne...

(poisson d'avril)