10 juin 2008

Lisboa desde arriba

Le Dos de Mayo approchant, il était urgent de fuir. Fuir Madrid et les célébrations bruyantes du bicentenaire de cette date vénérée par les nationalistes espagnols. Celle du soulèvement contre l'affreux Bonaparte et ses sbires, du mythe de la Nation en armes contre l'ennemi français, de la liberté retrouvée une fois repoussées les troupes napoléoniennes.

Mais 200 ans après l'évènement, pourquoi se ruer sur le premier autobus (faute de mieux), me direz-vous ? Moi, peureuse ? Non, pas du tout. Juste prudente. Il y a un siècle de cela, on faisait la chasse aux français (los franchutes) dans la capitale pour se rémémorer le bon vieux temps le jour du 2 mai. Alors, des fois que cette heureuse coutume ferait partie du programme des réjouissances du bicentenaire, autant prendre les devants. Quitte à voyager 8 heures dans un bus et à se priver de feu d'artifices et de flonflon. Direction Lisboa, l'Atlantique et ses délices. En avant toute.

Lisboa dans ma tête, c'est un vertige de lumière, un nuage d'électrons jaunes pâles qui gravite autour des façades blanches et se mêle aux odeurs de la mer, l'infini qui me manquait dans ma capitale madrilène. Le plaisir de l'apnée, le volume sonore qui baisse tout d'un coup après les éclats de voix qui habitent Madrid. Et puis les tours de manèges des tram jaunes, remplis de touristes jusqu'à rabord, des visiteurs qui iraient jusqu'à se faire arracher le bras pour faire passer leur appareil photos par les petites fenêtres de bois. Et entendre le sussurement du portugais, comme un chuchotement venu des entrailles de la mer qui parcourt la ville toute entière.





C'est depuis les hauteurs que se mélangent le bleu pâle des cieux et le blanc lévitant, hésitant des nuages, que s'embrassent les toitures rosées et les méandres de la mer. Depuis les terrasses secrètes de Lisboa, depuis le perchoir érigé par un disciple de monseigneur Eiffel, les rues perpendiculaires feignent l'ordre géométriques, le calme retrouvé après le jour terrible qui vit la terre trembler. Mais il ne faut pas s'y fier, Lisboa est toute de courbes, de monts et de rondeurs. C'est la ville montagne russe.

Et j'y ai trouvé mon château sur l'eau. Pierres banches et vues panoramiques sur les alentours aquatiques.







Le périple de terrasses en terrasses s'est achevé sur les hauteurs de Sintra, plage verdoyante pas loin de la capitale, couverte de mômes et de leurs mères. Dernière terrasse sous un parasol racontée par le coup de crayon de Joaniña (desculpe pour l'orthographe). Obrigadisima pour tout, João e Joana !







4 commentaires:

chloé a dit…

Bravo! Ton beau poème à Lisboa est à faire palir d'envie mon propre blog...
Je note ta référence à l'ascenseur conçu par un élève de Gustave Eiffel, tour de métal néogothique et jules vernesque à la fois qui m'avait particulièrement impressionée. Du haut de ce perchoir, un homme jouait de délicats airs mélancoliques portugais pour les touristes et les sons de sa guitare s'échappaient dans la fraîche nuit lisboète. Un doux souvenir :)

Anonyme a dit…

Merci Chloécita de partager tes impressions lisboètes (tu m'as appris un mot là) avec moi. Ô toi à l'écoute des mes aventures madrilènes depuis la bucolique campagne allemande. Connexion hispano-germanique oblige ;)

Au fait une amie allemande m'a appris récemment que l'incomparable mélodie "Aurélie" était un tube dans ton pays d'accueil. Elle se souvenait même avec une pointe d'émotion dans la voix qu'elle avait vu le groupe auteure de cette heureuse ballade l'entonner sur scène.

Tu m'avais caché une telle renommée...depuis je baragouine les paroles en allemand de plus belle.

bisous !

chloé a dit…

Aurélieeee... Tu es peut être à présent prête pour écouter la chanson en super top bonne qualité sur youtube:

http://de.youtube.com/watch?v=rdrE0PY_z7s

Comme le décrit le clip, la chanson parle d'une jolie française qui a du mal à se trouver un copain en Allemagne; les Allemands quant à eux flirtent "très subtilement" ou préfèrent lui parler de foot... pauvre Aurélie !
Le groupe en question qui propage la ferveur de la langue allemande est connu sous le nom de "Wir sind Helden", "Nous sommmes des héros". Jawohl!

Anonyme a dit…

Jaja mes colocs allemandes m'ont aussi fait écouter Aurélie, comme quoi la communication arrive jusqu'à Lima.

Et je suis aussi très jalouse et admirative de ton talent poétique, Lise, tu crois que je peux t'envoyer des notes et des photos et toi tu écris mes articles?