21 octobre 2007

Dia de la Hispanidad

J'arpente les rues de Madrid depuis presque un mois déjà, et c'est passé en un rien de temps. J'ai l'impression qu'à ce rythme-là l'année va défiler en un battement de cils. Il est temps que j'alimente un peu mon blog madrilène, ne serait-ce que pour avoir un carnet de voyage à emporter quand arrivera le joli mois de mai (comme c'est poétique).

Je vous avais laissé à l'heure de la sieste, après la marcha del domingo. Le tempo a commencé à s'accélérer el Dia de la Hispanidad, le 12 octobre, et, depuis ce jour de fête nationale, j'ai dû faire une croix sur ma sieste quotidienne pour suivre le rythme de ma nouvelle vie. Sacrilège.

El Dia de la Hispanidad est un jour chômé (c'est sa plus grande qualité) où l'armée défile dans les rues et où les gens qui sont assez nationalistes pour aller assister à une parade militaire de bon matin un jour férié crient "Viva España !" dès qu'on leur en donne l'occasion. Je ne suis pas nationaliste mais Ruslan, mon compañero de piso russe, était nostalgique des défilés sur la Place Rouge. Alors, en bonne touriste, je me suis laissée tenter par une démonstration patriotique locale.

Bien sûr, comme on s'est levé trop tard, on a raté l'essentiel de la parade mais le spectacle se trouvait plutôt dans la foule, et aux balcons. Peu après la mort de Franco, les balcons étaient encore couverts de drapeaux le jour de la fête nationale. Les défilés militaires semblent associées de près à la dictature dans les mémoires d'ici. Les drapeaux se font plus rares maintenant, mais on en compte un bon nombre dans le centre de Madrid.


Sur le chemin, on a discuté avec deux papys sympathiques, tout droit sortis des années 1960, le drapeau à la main. Quand je lui ai dit que je venais de Dunkerque (j'en profite pour glisser qu'à mon grand étonnement, pas mal d'espagnols rencontrés jusqu'à présent connaissent Dunkerque - même si ce n'est pas pour son potentiel touristique ni son indétrônable carnaval mais à cause de la seconde guerre mondiale -), l'un des deux m'a dit "Claro, el desembarco de Dunkerque es muy famoso" : le débarquement de Dunkerque. Pas mal, voilà ma petite cité propulsée sur les côtes de la Normandie, en plein D Day. J'en demandais pas tant.

La parade, avec la rigueur des protocoles, était plutôt rigolote. Et, en Espagne, point d'ogive nucléaire mais la bonne cabra, la chèvre nationale, qu'on balade au bout d'une corde en tête du cortège. Notre lever tardif nous a malheureusement empêché d'admirer la bête en chair et en os (ça restera un de mes grands regrets). Il me reste à percer le mystère du choix de cette mascotte.



A défaut de chèvre, des soldats à cheval, dans un style un peu napoléonien.

La plus grande fantaisie, c'était l'apparition du Roi Juan Carlos, et surtout l'émotion qui faisait vibrer la foule quand le moteur de sa voiture, et ceux de son armée de gardes du corps (car les rois modernes ne se déplacent plus en carosse) ont vrombi dans la calle de Alcala. L'émotion, qui a surtout envahi un de mes voisins, qui discutait du Generalismo avec ses copains quand je me suis faufilée dans la foule. Pour vous en image, qu'est-ce qu'être monarchiste en 2007 :

Déception cruelle, je n'ai pas vu ce cher Juan Carlos derrière la vitre fumée de sa grosse voiture mais j'ai plutôt constaté l'effet de sa présence parmi les patriotes à mes côtés (comme en témoignent les gros plans sur les chevelures de mes voisins, désolée pour la qualité de la vidéo). Le plus impressionant reste un papy à ma gauche qui a embrassé le drapeau sur fond de "Viva España !" - le même qui a copieusement sifflé le passage de Zapatero. Je sais bien que ces attitudes ne sont pas du tout représentatives de l'ensemble de la population, mais assister à l'impact physique de cette mise en scène, autour de simples symboles, reste impressionant.


Signe du destin ? On a rencontré un vendeur de casquette de l'armée rouge sur la Plaza Mayor...


Entre les pattes du cheval, des drapeaux tendus sur la Plaza Mayor
(et à ses pieds, des poubelles... )

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Joli défilé de voitures aux vitres teintées^^ Je suis déçue je pensais qu'un roi ça passait au milieu de la foule debout dans sa voiture décapotable. Enfin depuis Kennedy ils doivent faire gaffe...
En tous cas heureuse d'apprendre que tu fais autre chose que la sieste ;)

Elsa a dit…

Bravo Lise, tu as enfin compris le principe du blog (un truc qu'il faut actualiser), niark niark niark.

May be inch'allah je passerai en décembre/janvier (ou pas, mais bon, c'ets pas la volonté qui manque :) )

Seb a dit…

C'est marrant moi aussi j'ai tout de suite pensé à JFK en ne voyant pas le roi d'Espagne... Pourquoi tous ces sifflements?
En tout cas le pépé qui s'en va vite fait dès son devoir patriotique accompli, ça m'a bien fait rigoler...
Encore des vidéos et des photos! Encore!

Anonyme a dit…

En fait je pense que le roi a été racheté par une marque de voiture (ne me demandez pas laquelle je suis incapable de reconnaître) et il reçoit des sommes faramineuses pour se cacher derrière des vitres teintées et ainsi donner une chouette publicité à la marque en question. Mais chut, c'est un secret d'Etat...
Les sifflements c'était pour Zapatero qui passait juste avant Sa Majesté (les royalistes sont rarement de gauche).
Come as you are Elsa, le froid hivernal et les churros de Madrid en décembre se régaleront de ta présence.
bisous à tous !