8 novembre 2007

Radio Maria Sound System

Maria, ma compañera de piso, s'était mise en tête de m'éduquer au bon son espagnol. Il était temps que je quitte le souvenir des heures passées à remuer la terre du Pays Basque au rythme de "Los Cuarenta Principales", la radio qui, comme son nom l'indique, limite son répertoire aux quarante chansons les plus commerciales de tous les temps. Entre autres, l'indépassable "Voyage, voyage" (choc). Allez, en choeur, Au dessus des capitales / Voyage, voyage / Ne t'arrête pas...

Mais, Maria s'est faite dépasser par le calendrier. Il y a presque un mois déjà, les musulmans de Lavapiés fêtaient la fin du Ramadan. Et pendant trois jours, le quartier a résonné de concerts gratuits à la tombée de la nuit, à commencer par celui d'Idir (!) que j'ai eu le plaisir de faire découvrir à Maria. Le meilleur moyen d'entamer le troc musical. C'était fort d'entendre A vava Inouva sous le châpiteau de Lavapiés, cette chanson qui avait accompagné mes oreilles sous d'autres ciels. Las Noches de Ramadan se sont poursuivies avec de la musique traditionnelle iraquienne, portée par les solos d'une cantatrice couleur framboise. Lent mais envoûtant. Enfin, on devait se laisser bercer par un groupe marocain pour la dernière lune, mais comme on était sortis de marcha, on les a loupé de peu. Le tempo latin reprenait le dessus sur les airs d'Orient.



Radio Maria avait chauffé les haut parleurs, et était prête à diffuser le bon son tant attendu. C'était au concert de La Pulqueria, un de ses groupes fétiches, le 18 octobre au Joy (prononcez "yoï" : pour les espagnols, les "j" anglais sont des "y" (et les "h" des "r")...). Le lieu était très chouette : un ancien théatre reconverti en salle de concert en plein centre de Madrid. Pulqueria, parce que "Pulque", le nom de la Tequila en mexicain. Et parce que la tradition de verser de la Pulque dans le gosier des spectateurs à chaque concert.

La musique avait des accents de rock festif, et des textes en espagnol. C'était étrange de participer à un concert où on ne peut pas toujours reprendre en choeur avec la foule, parce qu'on ne comprend pas les paroles des chansons. J'étais dans la fosse et j'ai donc vécu le moment de façon physique (le pogo est international :), mais je me sentais également un peu extérieure, et j'ai pu voir que les rituels qui accompagnent les concerts, les attitudes de ceux qui sont sur scène comme les réactions du public, sont très proches des deux côtés de la frontière. J'aurais dû m'en douter en revenant du festival de Budapest, mais ça m'est apparu plus nettement à l'écoute d'une musique que je ne connaissais pas. J'ai même retrouvé le canoé pneumatique de Marcel (!), à la différence que c'était le chanteur qui y était embarqué pour distribuer de la Pulque à la foule.



Donc, musique remuante et sympathique avec une belle première partie, Mestizo, symbiose rock-flamenco. Et, à la clé, un concert pour bientôt grâce à Raquel, une copine canarienne de Maria, qui a reconnu dans la foule un saxophoniste de jazz, et lui a demandé si son groupe passait bientôt par Madrid. Réponse positive.

Après ce début en fanfare, une autre épreuve du parcours d'intégration sonore m'attendait : le concert de Voces de Solidaridad au Palacio de deportes de Madrid. Rendez-vous fixé le 24 octobre pour une nuit solidaire avec des artistes exclusivement espagnols, dans l'une des plus grandes salles de Madrid (en taille:). Présenté ainsi, le programme était alléchant. Seulement les artistes en question étaient tout droit sortis des Cuarenta Principales, et j'ai pu constater qu'en live c'est aussi nul que sur une radio grésillante, sous le soleil d'août au Pays Basque. Exception : la chanteuse de flamenco Estrella Morente que j'avais découverte en stage de danse à Avignon, et qui était magique.

Pour oublier, on est allés se consoler au festival d'auteurs-compositeurs (gratuit!) de la salle Galileo Galilei deux soirs d'affilée, et c'était beau, poétique et harmonieux (wahou!). Et tonique aussi avec Tulsa, une chanteuse rock qui nous a fait cadeau d'un petit bijou, la chanson A mis brazos. Promis, je vous la poste si je la trouve sur la toile. Hier, Shuarma, aux yeux de tigre. Un peu moins original, mais l'ambiance y était. Je commence à manger de la buena onda, à quand le prochain concert ?

2 commentaires:

Elsa a dit…

Comme quoi la fin du ramadan c'est plus drôle à Madrid qu'au Caire ! ahah. Au Caire, tout le monde part en vacances ce week-end là, c'est tout :) Biz

Unknown a dit…

http://www.radioblogclub.fr/open/129231/idir/Idir%20Vava%20Inova

Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi
Le vieux enroulé dans son burnous
A l'écart se chauffe
Son fils soucieux de gagne pain
Passe en revue les jours du lendemain
La bru derrière le métier à tisser
Sans cesse remonte les tendeurs
Les enfants autour de la vieille
S'instruisent des choses d'antan
Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi

La neige s'est entassée contre la porte
L'"ihlulen" bout dans la marmite
La tajmaât rêve déjà au printemps
La lune et les étoiles demeurent claustrées
La bûche de chêne remplace les claies
La famille rassemblée
Prête l'oreille au conte
Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi