Mon frère (ce roi de l'incruste) en visite pontificale dans ma capitale :
son journal de bord...
L’avion se pose dans un grondement sourd sous les applaudissements des passagers. Faut être con pour applaudir un gars qui a quand même fait 10 ans d’études pour pouvoir poser convenablement 300 tonnes d’acier sur un tarmac ; à échelle réduite, pourquoi n’applaudirait-on pas le barman qui te sert ta bière sans mettre trop de mousse? Mais bon c’est une autre histoire, donc je n’applaudis pas, je me lève, file, enfile ma veste et sort du zinc. La chaleur est étourdissante, le soleil est resplendissant, il y a un groupe de gars bariolé jaune et rouge qui joue de la guitare en hurlant (barrez l’intrus), je suis à Madrid.
Je suis à Madrid, et ma petite soeur est en retard à la porte d’embarquement, elle ne me reconnaît pas derrière ma cravate, mon chapeau et mes cheveux courts et me supplie immédiatement de déchirer mes frusques en lambeaux : ses colocs sont des hippies qualifiés et ils vont me pendre haut et court au balcon avec le linge si je passe le seuil de l’appart avec une tronche de premier de la classe. Note pour plus tard : la prochaine fois, ne pas chercher à en jeter mais arriver en tongs et en short à fleurs en chantant du Patrick Sébastien, on verra bien la réaction.
On a beaucoup écrit sur les valeurs culturelles et sociologiques qui font les différentiations entre les peuples ; on a moins écrit sur la différence énorme du prix du ticket de métro entre Londres et Madrid et c’est pourtant dans une lueur épiphanique que Dieu m’apparaît face au distributeur pour un premier choc psychologique qui ne cessera d’animer mes réflexions quasi hystériques, dignes de Paris Hilton en mode soldes : “Oh-Mon-Dieu-Comme-C’est-Pas-Cher-Ici”.
Car oui, pas besoin de transpirer de l’ADN Rothschildien pour se déplacer dans le taxi du pauvre à Madrid mais la surprise ne s’arrête pas là (ben oui, sinon ça fait un peu court comme post ^^). Madrid, c’est grand, Madrid, c’est beau, mais surtout Madrid, c’est chaud. J’avais oublié l’existence des UV (ce qui me vaut par ailleurs un superbe bouton de fièvre sur la langue inférieure à l’heure actuelle, trophée permanent mieux qu’une carte postale mais beaucoup moins glam quand même). Et c’est dans la douce chaleur du soir que nous émergeons Puerta del Sol pour déambuler dans les quelques rues qui nous séparent de l’appartement de ma petite sœur chérie. Il y a du monde dans la rue, un type promène un cochon, les filles sont en T-shirt, des Roumains chantent Aux Champs Elysées…en roumain. Après Londres, la neige, les étudiantes fardées comme des péripatéticiennes (ou l’inverse on ne sait plus bien à force) et le froid, bordel, ça sent bon les vacances.
L’appart est grand, la piaule est sympa, les couleurs sont chatoyantes, il y a du linge étendue sur les terrasses (et-c’est-joli !!! ajoute le fan de Michel Fugain), le chat ajoute l’authenticité méditerranéenne au tableau. C’est beau, pour un peu, on entendrait Charles Ingels couper du bois au loin…Javi est sympa et bref (qualité ô combien appréciable qui ne sera jamais la mienne), María est sympa, mais volubile, mais elle parle beaucoup et vite quand même, c’est dur à suivre.
Je mange du jambon qui ne ressemble pas à du plastique dans du pain non chimique, pour un peu j’en chialerais, je comprend enfin la pub avec un gars qui se paye un caccos Cœur de LionTM sitôt sorti de taule, l’Angleterre est le Fleury-Mérogis de la bonne bouffe. Sortie, Déambulations nocturnes, Bar à Tapas belge (ils l’ont fait). C’est moins surfait et snobby que London, c’est plus familiale et décoré en meubles Conforama comme le salon de chez grand-mère, on se sent tout de suite à l’aise, pour un peu, on ferait péter les charentaises (une rime subtile s’est cachée dans la phrase précédente, sauras-tu la retrouver ?). Mais à l’âtre chaleureux, nous préférons la terrasse et sa vue sur la capitale pour tailler le bout de gras en bouffant des tapas à en exploser… Que c’est bon d’être loin de chez soi.
Face à la Calle Duque de Rivas...